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Rapport de l’Inspection Générale de l’Education Nationale sur les « réformes » :La casse de l’école publique (déjà commencée) va continuer !
Article publié le 4 octobre 2009

L’IGEN rédige très régulièrement des notes de synthèse, jamais diffusées dans la presse. Le rapport du mois de juillet a étrangement fait exception et certains « mauvais esprits » iront jusqu’à émettre l’hypothèse qu’il s’agirait d’une « fuite » bien maîtrisée...
Et, pour cause ! Ce rapport est d’abord un énième exercice d’autosatisfaction ministérielle, dressant un bilan « largement positif » de l’ensemble des régressions qui
frappent l’école primaire.
Mais, c’est surtout un vaste programme détaillant tous les mauvais coups que nous préparent les hautes sphères du ministère.

Soulignons quelques points particulièrement inquiétants.

La retour à la semaine de 4 jours et demi avec le mercredi travaillé

La semaine de 4 jours est dans le viseur puisque les rapporteurs estiment qu’elle est notamment responsable du « resserrement du temps d’enseignement ». Or ce n’est pas l’organisation des 24 heures de cours sur 4 jours qui réduit le temps consacré aux apprentissages mais la réduction de 2 heures de cours par semaine pour tous les élèves !
Mais plus loin, l’IGEN fustige surtout ce qu’on fait pendant le temps d’enseignement.
En effet, nous pouvons lire qu’il faut « lutter contre les habitudes de grignotage du temps installées avec les sorties scolaires et les intervenants scolaires. »
Les enseignant(e)s seront ravis donc d’apprendre qu’une sortie au Château de Versailles ou la venue d’un musicien professionnel à l’école « font perdre beaucoup de temps sur les apprentissages » !!!
Sans commentaire…

Les évaluations CE1 et CM2

Le discours de l’IGEN est sans détour, il faut « une utilisation des évaluations pour le pilotage » « La notion de résultat attendu fait enfin son apparition ».
Plus loin : « il est question de demander aux écoles des résultats chiffrés d’amélioration des résultats ».
Il ne s’agit définitivement plus de travailler à l’émancipation, à la réflexion, à la progression de nos élèves. Il faut produire des élèves performants, avec des données chiffrées qui prouveront la qualité du travail de chaque enseignant. Concurrence, compétence, item, résultat, la
logique du marché s’invite à l’école…
Le rapport ne souligne-t-il pas que ces évaluations « sont un outil indispensable pour le développement de la culture de l’évaluation. » ?

Cette note de synthèse se marie parfaitement avec la circulaire n°2009-64 du 19 mai 2009 sur les missions des corps d’inspection. Ces derniers sont invités à apporter « un soin particulier (…) au suivi des évaluations nationales » puis de « conseiller les professeurs, d’impulser et d’encourager les bonnes pratiques ».
Qui dit bonne pratique, dit bons résultats chiffrés.
Dans un paragraphe consacré au « management », l’inspecteur est appelé à « concevoir ses interventions directes auprès du personnel enseignant comme un acte de gestion de la ressource humaine. ».
Il appartient aussi à l’inspecteur de « détecter les talents et de les promouvoir en lien avec les services de gestion des ressources humaines (…) dans l’intérêt de l’institution. »
Quelle est la place de l’élève ? Où est-il encore considéré comme un enfant avec ses goûts, ses envies, sa volonté de découvrir, de comprendre, d’apprendre ? Dès l’école maternelle, l’élève devient un support de résultat chiffré, un simple vecteur d’amélioration quantitative…
Quant aux personnels, ils ne sont vus que comme les promoteurs de ces progrès quantifiés et sont donc « gérés » comme tels !

Les RASED

Sur ce sujet, la note de synthèse s’interroge sur « ce qui distingue les deux types d’aides (l’aide spécialisée des RASED et l’aide personnalisée) ». L’IGEN confirme donc bien qu’il y a confusion (volontaire, selon nous) entre les AP et les RASED. Mais, le discours va plus loin puisque l’instauration des 60 heures d’aides personnalisées « ont amplifié des questions (…) sur
les finalités, les compétences et l’organisation des RASED. » C’est bien l’existence même des RASED qui est mise en cause dans ce rapport, qui n’hésite pas à se demander :« les aides spécialisées sont-elles adaptées aux besoins des élèves en grande difficulté ? ».

SUD éducation dénonce des menaces explicites contre l’enseignement spécialisé, qui ressortent du texte de l’IGEN/IGAEN. Il n’est question, pour SUD, ni d’entériner les 3000 suppressions de postes de RASED déjà effectives, ni d’accepter la moindre remise en cause des missions et des postes des collègues spécialisé(e)s.

A lire cette note de synthèse, on devine aisément que les maître(sse)s E « surnuméraires » risquent de se voirsédentarisés dans des délais très courts.

L’organisation de l’enseignement primaire

Le texte de la haute administration constate « l’élargissement du rôle du directeur, l’absence de
maîtrise de l’institution sur la gestion du temps (…) et l’accoutumance des esprits à l’idée de donner un statut à l’école ».
La retour à la semaine
de 4 jours et demi avec le mercredi travaillé

Les évaluations CE1 et CM2
Les jardins d’éveilLes RASED
L’organisation de l’enseignement primaire
Quelle solution ? « la création d’un établissement public d’enseignement Primaire (EPEP). »

SUD éducation dénonce depuis longtemps la volonté de mettre en place les EPEP qui remettraient en cause la liberté pédagogique des enseignants, qui créeraient un
statut de directeur-supérieur hiérarchique de proximité, chargé de l’application des « réformes » les plus nocives.
La synthèse de l’IGEN confirme nos craintes : « c’est bien d’un problème politique qu’il s’agit : celui de la cohérence pédagogique et éducative que l’on veut donner à l’ensemble des activités (…) à l’école. ».

La formation continue

Mise à mal depuis plusieurs années, le rapport de l’IGEN fait un sort à la formation continue des enseignants : « la réduction des moyens de remplacement et des crédits se traduit par une réduction drastique des plans départementaux de formation continue, et il peut être intéressant de mutualiser ce capital de 18 heures (d’animation pédagogique) qui constitue actuellement
l’essentiel de la formation continue d’un enseignant du premier degré. »

SUD éducation part du même constat, le recul du droit à la formation continue. Mais l’IGEN va encore plus loin en proposant d’entériner le remplacement des plans de formation par les heures d’animation pédagogiques !

Les jardins d’éveil

SUD éducation exige que les plans départementaux de formation bénéficient de crédits supplémentaires tout en maintenant notre revendication d’une création urgente
de postes de titulaires-remplaçants (notamment
de BFC).

Dans le passage consacré au rôle des directeurs, le rapport souligne que les écoles accueillent dans leurs locaux des activités d’accompagnement éducatif, des stages de remise à niveau et « peut-être bientôt un jardin d’éveil. »
Les jardins d’éveil sont désormais une réalité, plusieurs ont ouvert à la rentrée (dans l’ouest de la France). Leur généralisation est prévue ! La concurrence puis la remise en cause de l’école maternelle aussi !

Le rapport de l’IGEN dessine un projet éducatif cohérent et totalement régressif à la fois pour nos élèves et pour la profession.

Cette cohérence (Base élèves, évaluations CM2/ CE1, AP, casse des RASED, etc.) est contraire aux besoins éducatifs des élèves.

Il est donc urgent de combattre dans sa globalité l’ensemble du projet de casse de l’école publique du gouvernement.

SUD éducation appelle l’ensemble des collègues à se mobiliser pour construire ensemble une école de l’égalité pour tous.