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Déclaration préliminaire des personnels enseignants du Lycée Gérard de Nerval(Noisiel – 77)

dimanche 14 février 2010

Déclaration préliminaire des personnels enseignants du Lycée Gérard de Nerval(Noisiel – 77)

à la réunion de préparation de la rentrée 2010

et au Conseil d’Administration du 16 mars 2010.

Réunis en Assemblée Générale le 11 février 2010, les personnels
enseignants du Lycée Gérard de Nerval ont adopté, par 19 voix pour, 0
voix contre et 2 abstentions, la déclaration suivante :

Les personnels enseignants du Lycée protestent vigoureusement contre
l’ensemble du dispositif de réformes imposé par le gouvernement sans
réelle concertation, et qui se traduira à tous les niveaux par un
appauvrissement considérable des offres d’enseignement, par des
suppressions de postes par milliers, par un renforcement inadmissible
des inégalités et, avec la suppression de la carte scolaire, par la
constitution de véritables zones autrefois prioritaires et bientôt
sinistrées.

Ils dénoncent, dans le Premier Degré,

la scandaleuse suppression progressive des RASED, si révélatrice des
orientations de ce dispositif : on supprime des postes d’enseignants
formés au traitement des difficultés scolaires et on leur substitue des
heures d’ « aide personnalisée » tant bien que mal ajoutées à l’horaire
normal de ces élèves dont les difficultés ne seront pas réduites par un
surcroît de travail et de présence à l’école.

le manque dramatique de remplaçants par manque de postes au concours et
refus du Rectorat d’ouvrir la liste complémentaire. En même temps, Le
Rectorat de Créteil invite les chefs d’établissement à recruter
directement à bac + 3 sans formation pour les remplacements de courte
durée !

la menace de plus en plus forte qui pèse sur les petites sections de
Maternelle.

Ils saluent le civisme des professeurs d’école qui s’opposent au fichage
des enfants par « Base élèves » et aux évaluations dont l’une des
fonctions essentielles est de mettre les écoles en concurrence.

Ils dénoncent, dans le Supérieur, la mise en place de la « masterisation
 » qui permettra notamment de constituer un formidable vivier d’emplois
précaires, d’autant plus important que le nombre de postes aux concours
sera limité : tous ces spécialistes ès éducation bac +5 qui auront
échoué aux concours et pourront être recrutés et licenciés par les
rectorats, selon les besoins, offriront toute la flexibilité et la
docilité nécessaire à nos gestionnaires.

Ils dénoncent aussi la décision du Rectorat de Créteil de faire débuter
l’an prochain les stagiaires titulaires à temps plein et sans la moindre
formation. Cette décision s’inscrit parfaitement dans le mépris
aujourd’hui clairement affirmé de toute formation pédagogique des
enseignants.

Ils protestent contre la mise en place de la réforme des lycées qui n’a
fait l’objet d’aucune concertation digne de ce nom.

Cette réforme, outre qu’elle permettra la suppression d’environ 6 500
postes en lycée, constitue un pas de plus dans la rupture essentielle
avec un principe fondamental : que tout élève du lycée doit avoir accès
à une formation humaniste – littéraire et scientifique – de citoyen
autonome dans l’ensemble des domaines du savoir. La suppression de
l’Histoire-Géographie en Terminale Scientifique, ou des mathématiques en
Terminale Littéraire ne sont qu’un aspect de la réforme, mais très
révélateur de cette orientation.

Ils réaffirment que les choix d’orientation, s’ils privilégient
nécessairement certaines disciplines, ne doivent jamais aboutir à
l’abandon total d’un enseignement indispensable à une éducation citoyenne.

Ils protestent contre la suppression en moyenne de deux heures
hebdomadaires par discipline sur l’ensemble du cycle, qui se traduira
globalement par l’augmentation du nombre de classes par service, un
suivi des élèves plus difficile, et un surcroît de travail aux dépens de
sa qualité.

Ils protestent contre la suppression des modules et des dédoublements
auparavant fixés par un seuil. Ces heures « globalisées » seront
laissées à l’appréciation des Recteurs, puis des chefs d’établissement.

Dénoncent la mise en place des deux heures d’accompagnement-orientation
qui entérine la disparition progressive des Conseillers d’Orientation –
Psychologues et imposent aux enseignants une charge et une lourde
responsabilité pour lesquelles ils ne sont pas formés.

Mettent en garde contre les discours démagogiques sur l’allègement, la
souplesse, l’exploration, l’accompagnement … Car l’ensemble du
dispositif se traduira presque partout par un appauvrissement des offres
d’enseignements, d’inévitables renoncements pour beaucoup
d’établissements, et de croissantes inégalités sociales et géographiques.

Ils dénoncent aussi la précipitation et la désinvolture avec laquelle
sont élaborés les nouveaux programmes, preuve du mépris dans lequel nos
autorités tiennent aussi bien les élèves que leurs enseignants.

Enfin, parce qu’ils refusent d’organiser leur propre exploitation et
leur propre aliénation, de gérer la pénurie des moyens qui seront ou non
octroyés, de rentrer dans le jeu de la concurrence entre établissements,
entre disciplines, entre projets pédagogiques et entre collègues dans un
contexte de restrictions budgétaires systématiques

parce qu’ils sont déterminés à maintenir entre eux des relations
humaines de confiance et de solidarité, d’entraide et d’équité,
indispensables à un vrai travail d’équipe et incompatibles avec une
logique de concurrence, de performance et de surveillance

parce qu’ils entendent préserver la fonction des Conseils d’Enseignement
et les attributions du Conseil d’Administration, certes limitées, mais
seule garantie d’un contrôle démocratique de la répartition des moyens
par des membres élus et seule institution susceptible de s’opposer
encore à l’arbitraire

ils protestent contre la mise en place des Conseils prétendument
Pédagogiques et refusent d’y participer - quelles que soient, au niveau
local, leur composition et leurs attributions - car celles-ci dépendront
toujours du bon vouloir du chef d’établissement qui verra ainsi son rôle
renforcé, tout en restant soumis aux consignes ministérielles et rectorales.