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1er degré 93 : l’apartheid social en chiffres
Article publié le 13 mars 2015

1er degré 93 : l’apartheid social en chiffres
1er degré 93 : les moyens depuis 2012
2015-03_93-apartheid-social Education dans le 93: L'apartheid social en chiffres

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Consulter le tableau récapitulant les fermetures et ouvertures de postes depuis 2012

Les affichages face à la réalité chiffrée

Dans plusieurs villes (Saint-Denis, Aubervilliers, Bobigny...), des mobilisations réunissent 1er et 2nd degrés sur des problématiques similaires. SUD Education est partie prenante de ces mobilisations et soutient leur élargissement et leur convergence.
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SUD Education 93 ctsd93@sudeduccreteil.org


Les besoins du 1er degré 93 pour la rentrée 2015...

Les moyens de la réforme de l’éducation prioritaire
  • maîtres supplémentaires : 480 écoles REP et REP+, actuellement 28 maîtres sup, manquent 452 postes.
  • TPS : 100 mater en REP+, 138 en REP : 238 TPS – 25 existantes : 213 postes à créer.
  • Formation : 100 postes nécessaires en brigades REP+ (9 jours de formation par an), moins les 20 actuels, soit 80 postes de brigades REP+

Les moyens pour les seuils et les décharges de direction
  • Maintien des seuils : 190 postes pour ramener toutes les écoles en dessous des seuils du 93, auxquels il faut rajouter 150 postes pour 2015 en tenant compte des effectifs prévisionnels pour l'année prochaine : 340 postes.
  • Décharges de directions : environ 50 postes (nouvelles écoles en éducation prioritaire, plus ouvertures de classe).

Remise en place des moyens laminés :
  • RASED : 1 réseau, ce sont 2 maître E, 1 G, 1 psy pour 30 classes dans les REP et les REP+. Pour les 4489 classes en éduc prio, il faut donc 150 réseaux, soit 605 postes, ce qui correspond aux postes obtenus en 1998. Moins les 357 postes subsistant (154 ME, 78 MG, 125 psy - dont de nombreux non pourvus...), ce sont 248 postes à créer
  • Remplacement : 300 postes à créer, surtout de ZIL, pour remettre en état les moyens de remplacement sur le département et permettre de respecter les droits des enseignants à la formation.

Soit un total de 1683 postes à créer pour la rentrée 2015, juste pour respecter les engagements du gouvernement !

... les postes supprimés dans le cadre de la "refondation"...

Le pompon, c'est la disparition des professeurs supplémentaires (dispositifs des défunts RAR-Eclair, héritiers de dispositifs d'aide antérieurs, à ne pas confondre avec les maîtres supplémentaires) programmée sur 4 ans (décloisonnement, petits groupes...). Qui aboutit dans certains RAR à des moyens en baisse après la réforme de l'éducation prioritaire !
Ce dispositif comprenait généralement, pour un RAR :
  • 4 professeurs supplémentaires : 1 professeur des écoles à 26 heures et 3 professeurs du 2nd degré à 9 heures, soit un total de 53 heures ;
  • 6 demi-postes d'assistants pédagogiques (AED, contractuels).

Ces moyens étaient utilisés différemment selon les réseaux. A Garcia-Lorca (Saint-Denis), les 2/3 étaient consacrés au 1er degré. Dans d'autres, ils revenaient essentiellement au collège. Sur les 18 RAR du 93, il s'agit de 954 heures. Si on estime que la moitié des heures en moyennes étaient consacrées au premier degré, cela correspond à une perte sèche de 18 postes, plus 27 postes d'assistants pédagogiques.
Soit un total de 45 postes supprimés pour le 1er degré dans les réseaux les plus en difficulté...


... VS Les ouvertures de postes prévues

240 postes attribués pour la rentrée 2015. On peut identifier 150 postes pour couvrir les augmentations d’effectifs (comme les deux années précédentes), et 90 postes liés au basculement sur le département de moyens d’éducation prioritaire piqués aux moins pauvres (peut-on parler de création de postes?).
Problème : 240 postes attribués rapportés aux 1 683 postes nécessaires et aux 45 postes supprimés, petit malaise:
  • un label « éduc prioritaire » sans moyens (réduit à une appellation et à la prime) ;
  • des seuils qui ne seront pas respectés, pire vont continuer à se dégrader.
La mise en place des « nouveaux » dispositifs, à moyens constants, se fait par vases communiquants. Maîtres sups, TPS... = classes dont les effectifs explosent !
Et c’est probablement la mesure la moins utile qui sera privilégiée, les « brigades REP+ » : les classes et les écoles sont gravement déstabilisées par ces semaines de formation-concertation où se succèdent des enseignants souvent peu expérimentés et formés.
Seuils, RASED, maîtres sup... absences non remplacées malgré les contractuels... la hiérarchie anticipe une « année difficile pour le terrain »... c’est vrai, jusqu’à présent, c’était de la rigolade...
"C'est vrai que ça va être une année difficile pour le terrain. Cette année, ça va être une année un peu compliquée." Mme Laugier, secrétaire générale de la DSDEN 93, le 27 janvier 2015


Création de postes : les dessous de l’escroquerie

Depuis 2012 jusqu’en 2014, le solde de postes créés dans le 1er degré 93 est négatif: – 101, rapporté aux 7 238 élèves suplémentaires. Cette montée d’effectifs aurait nécessité 382 postes, seuls 281 ont été créés. Cela signifie une dégradation du taux d’encadrement, passé de 5,26 enseignants pour 100 élèves à 5,24. Donc une dégradation des conditions d’enseignement et des conditions d’apprentissage.
Les 240 postes prévus pour 2015, en tenant compte d’effectifs prévisionnels chaque année sous-évalués, devraient nous amener à un solde négatif de 4 postes... soit - 0,04 sur 4 ans ! En tablant sur une sous-évaluation moyenne de 20 %, le solde négatif passe à 25 postes, soit - 0,25 %.
La réalité est donc celle d’une stabilisation du taux d’encadrement à un niveau extrêmement bas depuis 2011.

Manipulations comptables
Et encore cela ne tient pas compte de l’arrière-cuisine : les 31 627 « embauches » (et non « postes » !) depuis 2012 recouvrent essentiellement (pour 28 000) les stagiaires auparavant non comptabilisés dans les effectifs. Ce ne sont donc pas des postes en plus. Pire, ces personnels non formés prennent massivement la place sur le terrain d’enseignants titulaires. Cela explique en partie la dégradation vécue d’année en année. « Le recrutement des stagiaires est savamment calibré pour compenser les départs en retraite [...] » Le Monde, 5/11/2015. Le taux d’encadrement, de 5,75 en 2002, à 5,24 cette année, devrait remonter légèrement à 5,32 l’année prochaine. En sortant les stagiaires, il sera en réalité à 4,9...

Une pénurie organisée
L’explosion du nombre de contractuels (10 % des enseignants dans des villes comme Saint-Denis), alors que depuis 2012 on nous promet leur résorbtion, n’est pas le fait du hasard. Manque de candidats au concours, départs, démissions, mastérisation... Mais ces facteurs ne peuvent tout expliquer. Il y a manifestement chaque année une sous-estimation des places au concours, insuffisantes pour combler les départs (retraite...). Il ne faut en effet pas confondre "places au concours" (qui compensent les départs - retraite, sorties du département, démissions, détachement... - et intègrent les éventuelles ouvertures de postes) et "ouvertures de postes" qui représentent effectivement des moyens supplémentaires.  La volonté ne serait-elle pas justement de créer, comme dans le 2nd degré, un volant de contractuels ?