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APPEL DES ENSEIGNANTS EN RESISTANCE
Article publié le 18 décembre 2008

Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école

NOUS REFUSONS DE PARTICIPER AU DEMANTELEMENT DE L’EDUCATION NATIONALE

La déconstruction progressive et systématique des fondements de notre système éducatif est en marche. Il est aujourd’hui de la responsabilité des enseignants de ce pays de tout mettre en oeuvre pour enrayer cette machine à déconstruire.

L’heure est grave ! Une nouvelle défaite du mouvement des enseignants serait catastrophique. Le gouvernement qui, visiblement, cherche l’affrontement et la victoire par un passage en force, aurait ainsi les mains libres pour achever son travail et mettre en place la privatisation de l’Education Nationale.

Ces dernières semaines, des enseignants du primaire sont entrés en résistance par la voie du refus d’obéissance, notamment par la non application stricte des nouveaux programmes et du dispositif de l’aide personnalisée, afin de ne pas apporter leur caution personnelle à ce démantèlement. Cette objection de conscience réfléchie et assumée est entrée profondément en résonance avec les attentes de nombreux enseignants, découragés par l’absence de perspectives de lutte efficace.

Il convient aujourd’hui de passer de quelques refus individuels et isolés à une action de résistance pédagogique collective et revendiquée afin de structurer une contestation durable. C’est de l’ampleur de cette résistance et de sa médiatisation que dépendra la possibilité de créer un rapport de force inédit avec le gouvernement. L’affichage de la résistance pédagogique est aussi important que la résistance elle-même car il constitue une force d’information, de mobilisation et de pression.

Nous invitons les enseignants à entrer en résistance ouverte en faisant connaître par le biais de lettres individuelles et/ou collectives à leur hiérarchie leur refus de collaborer au démantèlement de l’Education Nationale, y compris par la désobéissance pédagogique ciblée.

Nous invitons les enseignants à prendre toutes les initiatives susceptibles d’informer et de mobiliser les parents d’élèves dans des Comités locaux de défense de l’école publique qui impulseront de nouvelles actions de résistance sur le plan local. Une coordination de ces comités locaux pourrait être mise en place dans un deuxième temps.

Le mouvement des enseignants en résistance est un mouvement complémentaire de l’action des organisations syndicales. Ces dernières qui ont pris la mesure de la colère qui monte devront la canaliser dans des actions déterminées, durables et constructives.

Notre résistance veut impliquer indissociablement un programme de non-coopération qui s’oppose aux mesures qui nous semblent nocives pour l’avenir de nos écoles et un programme constructif qui propose les solutions qui nous semblent susceptibles de préparer cet avenir.

LE NON DEMANTELEMENT DE L’EDUCATION NATIONALE IMPLIQUE LA PRISE EN COMPTE DES REVENDICATIONS SUIVANTES :

Sur le plan structurel : Arrêt des suppressions massives de postes ; Maintien des postes d’enseignants affectés dans les associations complémentaires de l’école ; Maintien de la spécificité de l’école maternelle et retrait du projet de jardins d’éveil ; Maintien des IUFM comme centre de formation professionnelle et ouverture d’un chantier sur les contenus de la formation des professeurs ; Abandon définitif du projet des EPEP (Etablissements Publics de l’Enseignement Primaire) ; Retrait du projet de création d’une Agence Nationale du remplacement ; Retrait du fichier Base élèves.

Sur le plan pédagogique : Abrogation du décret sur l’aide personnalisée ; Maintien des 3 000 postes de RASED à la rentrée 2009 ; Ouverture d’une concertation sur les nouveaux programmes ; Ouverture d’un débat sur les rythmes scolaires des enfants.

Sur le plan syndical ; Respect du droit syndical, notamment des journées d’information syndicale pendant le temps de travail ; Retrait de la loi obligeant les enseignants du primaire à se déclarer préalablement en grève ; Retrait de la loi sur le Service Minimum d’Accueil.

Nous demandons au gouvernement l’ouverture immédiate de négociations avec les organisations représentatives sur la base des revendications mentionnées ci-dessus.

CONSTRUIRE UN MOUVEMENT DURABLE, RESPONSABLE ET EFFICACE

Nous avons conscience qu’il sera difficile au mouvement d’obtenir satisfaction sur l’ensemble de ces revendications. Il serait dramatique que le mouvement retombe aussi vite qu’il s’est développé. Il importe de s’inscrire dans la durée. C’est pourquoi il est essentiel que le mouvement des enseignants en résistance pédagogique se fixe un premier objectif clair, précis, limité et possible, susceptible de mobiliser le plus largement. Si nous obtenons gain de cause sur cet objectif tactique, la dynamique de l’action nous permettra de définir des objectifs plus ambitieux. Cette prise que nous aurons sur le système agira comme un levier qui le fera bouger et basculer.

Notre premier objectif, dans le cadre de cette résistance au démantèlement de l’Education Nationale, est d’obtenir l’abrogation du dispositif de l’aide personnalisée et son corollaire le maintien des postes du RASED. C’est pourquoi nous invitons les enseignants du primaire à refuser de mettre en œuvre le dispositif de l’aide personnalisée et à le faire savoir.

La non application de ce dispositif peut prendre différentes formes qu’il appartient au conseil de maîtres d’organiser (Utilisation des deux heures pour mettre en œuvre des projets pédagogiques innovants de classe et d’école avec l’ensemble des élèves ; Utilisation des deux heures pour organiser le travail pédagogique d’équipe centré sur les autres enfants en difficulté et leur aide, etc.)

La résistance pédagogique est une étape dans la résistance globale à la déconstruction de notre système éducatif. Elle a vocation à initier, construire et mettre en oeuvre des alternatives crédibles et efficaces pour une école au service de la réussite de tous. Elle est complémentaire des autres formes d’actions démocratiques impulsées par les organisations syndicales. Nous invitons donc ces dernières à définir et mettre en place les modalités d’action nécessaires pour amplifier cette lutte.

COLLECTIF DES ENSEIGNANTS EN RESISTANCE, fédérés en réseau par le blog « Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école », le 3 décembre 2008