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Construire une alternative à l’école libérale et à l’austérité !
Article publié le 22 novembre 2012

Alors que le gouvernement affiche une
« priorité » à l’éducation sans lui en
donner les moyens, aucun changement
de fond ne s’annonce dans la future loi
d’orientation qui sortira en janvier 2012.

Les principales réformes initiées par la
droite sont entérinées et le budget de
l’éducation nationale n’augmente réellement
que de 0,6 % (300 millions) (1).

Ce choix budgétaire d’austérité dément une
réelle volonté de donner les moyens budgétaires
et pédagogiques à l’école pour proposer
d’autres alternatives pour l’éducation.

Le Ministère annonce 43 450 recrutements
pour l’an prochain, en deux
concours. Cela ne représente que 8 781
créations de postes puisque le reste des
postes ne compense que les départs à la
retraite, soit 11 % des 80 000 suppressions
subies ces dernières années.

Face à de tels choix, l’annonce du « plus de
maîtres que de classe » risque de n’être
qu’un voeu pieux.

Cette refondation de l’école n’est, de fait,
qu’un écran de fumée, pour masquer de
petits aménagements de la politique libérale
mise en place depuis de trop longues
années. Le gouvernement actuel
continue ce que la droite a amorcé, mais, en
proposant de faire « mieux », et ce sous
couvert de concertation !

Ainsi, les piliers de l’école libérale sont
consolidés.

Le socle commun rebaptisé « socle commun
de compétences, connaissances et
culture » ne remet pas en cause l’évaluation
par compétences. Au contraire, il la
valide en fusionnant définitivement les programmes,
les compétences et l’évaluation
(2). Il la renforce même : le gouvernement
prévoit l’expérimentation d’un cycle commun
école-collège, alliant CM1-CM2 et
6e, avec la création d’un conseil pédagogique
spécifique mixte et l’expérimentation
sur 5 ans de regroupements pédagogiques
entre le collège et les écoles du secteur.

Base-élèves, le répertoire national des
identifiants élèves (INE), Sconet, le livret
personnel de compétences - rebaptisé lui
aussi - et l’ensemble des fichiers numériques
centralisés mis en place ces dernières
années sont maintenus. Tout comme
la réforme des lycées et le bac pro en 3 ans.

La décentralisation de l’orientation et de
l’enseignement professionnel se poursuit
avec l’accord signé entre l’état et l’association
des régions de France sur l’orientation
et l’enseignement professionnel. Cet
accord acte le rapprochement des
régions et du patronat dans les cartes de
formation des lycées professionnels, la
soumission grandissante de l’école aux
entreprises (3).

A l’école primaire, la réforme des rythmes
scolaires, qui repasse le nombre de jours de
classe par semaine à 4 jours et demi, s’inscrit
dans cette proposition d’école à
minima, en scindant le temps scolaire en
un temps d’enseignement (23 h) et un
temps d’accompagnement (2 h).

On est très loin d’une réforme des rythmes
scolaires qui appréhenderait, à la
fois, le temps scolaire et extra scolaire
dans sa globalité sur l’année (avec de
véritables aménagements pour les enfants
les plus vulnérables socialement) et une
articulation entre le temps de l’enfant, les
contenus des apprentissages scolaires et les
conditions de travail des enseignant-e-s (et
leur amélioration !).

Au contraire, avec cette réforme, le
ministère de l’éducation nationale
oppose l’intérêt des personnels et celui
des élèves, en bidouillant des temps de
classe qui n’en sont pas (temps d’accompagnement).
Cela sous-entendant que le
temps de présence des enseignant-e-s qui ne
relèverait pas strictement de la transmission
des savoirs ne serait pas du temps de
travail. Quid alors de la surveillance de la
sieste en maternelle ?

Cette réforme va, de surcroît, accentuer
les inégalités territoriales. En effet, le
financement de ces temps d’accompagnement
partagés entre l’éducation nationale
et les collectivités territoriales ne sera pas
précisé dans la nouvelle loi d’orientation. Il
n’y aura donc aucune garantie quant aux
choix et à la qualité des activités du soir
proposées par les communes.

Absents des annonces ministérielles :

- les RASED, dont le retour des 3 000 postes
supprimés n’est manifestement pas à
l’ordre du jour et pour le devenir desquels,
au contraire, il y a lieu de nourrir de grandes
inquiétudes (voir l’article suivant) ;

- les discussions sur les revalorisations
des salaires, les carrières et l’évolution des
métiers qui sont remises aux calendes grecques
(4).

En attendant, 9 semaines après la rentrée,
la situation dans notre académie est
catastrophique et les conditions d’enseignement
et de travail des personnels
continuent de se dégrader.

Les enseignant-e-s stagiaires, sans formation,
sont dans des situations impossibles.
Les remplacements des enseignant-e-s
absent-e-s sont de moins en moins assurés
dans le 1er comme dans le 2nd degrés.

La situation est chronique, dans le 1er
degré en Seine-Saint-Denis, où après une
rentrée avec des classes sans
enseignant-e-s pendant 3 semaines dans
certaines villes du département, les remplacements
de congés ne sont toujours
pas assurés. Le droit à la formation professionnelle
des enseignant-e-s de ce département
est aussi compromis faute de
remplaçant-e-s disponibles.

Le Ministère, malgré la mobilisation
importante des enseignant-e-s de Seine-
Saint-Denis le 11 octobre refuse de
répondre à l’urgence absolue de recrutement
de 250 enseignant-e-s fonctionnaires
titulaires. Il renvoie l’intersyndicale
départementale au rectorat, qui préfère
recruter des enseignant-e-s vacataires en
situation précaire pour palier aux manques
de remplaçant-e-s.

La situation du remplacement des ATEE
dans les collèges du 93 et du 94 et les
lycées de l’académie n’est guère plus
reluisante. Les remplacements n’y sont
plus effectués (pétition intersyndicale).
La région Ile-de-France supprime des
postes : les agent-e-s contractuel-les qui
assurent des missions pérennes sur des
postes vacants ne sont pas renouvelés.

Face à cette situation toujours plus dégradée,
il est temps de sortir de l’attentisme.
Nos revendications : revalorisations des
salaires, recrutements de personnels à la
hauteur des besoins, sur des statuts de
fonctionnaire (et non des contrats précaires
comme les emplois d’avenir professeur),
amélioration des conditions d’études,
indépendance de l’école face aux
impératifs du patronat notamment dans
l’enseignement professionnel et la formation
continue pour adulte (GRETA) ...

Revendications qui ne pourront aboutir
qu’avec des mobilisations d’ampleur
pour imposer des alternatives en lieu et
place de reculs de circonstance.

La seule véritable alternative pour
l’école et l’éducation face à la logique de
démantèlement libéral et de mise en
concurrence, c’est la mobilisation des
personnels !

(1) Le budget 2013 de l’Éducation nationale
sera de 62,7 milliards soit une hausse de
2,9 %. Mais, avec l’augmentation du nombre
de retraité-e-s dont les pensions sont intégrées
dans le budget global du Ministère, le budget
réellement affecté au fonctionnement du service
public d’éducation n’augmente que de
300 millions.

(2) La liste des compétences est accolée aux
programmes depuis 1989.

(3) Le Ministère ne prévoit pas d’abroger la
convention entre le MEDEF et l’Éducation
nationale, signée par les ministres de droite.
Ainsi, le syndicat patronal va pouvoir continuer
à intervenir dans les établissements scolaires,
en tant que « partenaire éducatif ».

(4) L’ensemble de l’analyse du projet de
« refondation » de l’école par la fédération
Sud éducation est accessible en ligne :
http://www.sudeducation.org/Refondation-del-
ecole-ou-en.html