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Depuis 20 ans,les contre-réformes baissent les pensions 2010 : ils veulent encore baisser
Article publié le 16 mai 2010

La régression sociale commence en 1993

Le Medef veut « détricoter » les acquis de 1945, dont l’efficace protection
sociale échappant aux profits et organisant des solidarités. Plusieurs contre-réformes
remettent en cause le système par répartition en le fragilisant. Imposées l’une
après l’autre, elles visent à chaque fois une partie seulement des salariés afin de
diviser pour régner, d’éviter une réaction d’ensemble.

1993 : le privé avec les mesures Balladur.

- la pension est calculée sur les salaires des 25 meilleures années et non des 10
meilleures. Dans les 15 années supplémentaires figurent des années plus mauvaises
tirant la pension vers le bas.

- passage de 37,5 ans à 40 ans de la durée de cotisation pour une retraite à taux
plein (50 % du salaire annuel moyen) entre 60 et 65 ans. Il faut 40 ans de cotisation
pour continuer à partir avec 50% du salaire. Partir à 37,5 ans (la moyenne
constatée aujourd’hui) ne permet de toucher que 47%, soit une perte de 6,25%.

- indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires. Cette mesure
ne touche pas tout de suite le jeune retraité, mais il ne profite plus d’une solidarité
entre pension et salaire. Petit à petit, sa pension perd du pouvoir d’achat qui
se cumule avec le temps et s’élève à 20% sur 20 ans.

- décote de 10% par année qui manque pour atteindre 37,5 ans. En 2003, la
décote sera ramenée à 5%, mais par année qui manque pour arriver à 40 ans (la
décote est limitée à 25%)

Toutes ces mesures se cumulent : en moyenne elles ont fait baisser les pensions
de 20% le jour du départ en retraite, puis la perte du pouvoir d’achat s’est amplifiée
avec la désindexation sur les salaires (ajout de 20% de perte sur 20 ans).

En 1996, les régimes de retraites complémentaires (complétant la pension
pour arriver à 75% du salaire) voient réduire à la fois la valeur du point et le
nombre des points accordés chaque année à leurs cotisants, afin de diviser par 2 la
future pension en 2040 (estimation du rapport Charpin de 1999).

2003, la fonction publique subit le même sort que le privé en 1993 :
passage de 37,5 ans à 40 ans de la durée de cotisation pour une retraite à taux
plein, indexation des pensions sur les prix, décote de 5% par année manquante.
Avec un calcul de la pension sur 37,5 ans, une durée moyenne de cotisations de
37 ans (moyenne constatée) permettait d’obtenir 74% du dernier salaire. Avec le
calcul sur 40 ans, la pension tombe à 59% avec la décote, et à 54,1% en 2012 avec
les 41 ans, soit une de 27% de la pension.

Les mères de famille perdent la bonification d’un an (ajout d’un an à la durée de
cotisation) par enfant (le privé attribue 2 ans). En « compensation », 6 mois de
cotisation sont ajoutés dans la formule de décote / surcote.

Conséquences de ces contre-réformes

Quoi qu’en disent Medef et gouvernement, l’objectif des
contre-réformes est de baisser le niveau de la pension par
rapport au salaire.

La productivité, le chômage, les études… font que les départs
réels du travail s’effectuent avant 59 ans, et les durées réelles
de cotisation sont de 37,5 ans aujourd’hui et, selon le COR,
augmenteront un peu puis baisseront progressivement à 37
ans en 2035 et au-delà (la revendication de 37,5 ans reste
d’actualité !).

Toutes les mesures du gouvernement pour faire semblant de
faire travailler les plus anciens n’ont aucune influence sur le
fond, le taux de chômage. A 60 ans, ces anciens passent du statut
de préretraite ou de chômeur dispensé de recherche d’emploi
à celui de retraité.

Toutes les statistiques le montrent :

- La pension représentait :

79% du salaire (moyenne supérieure à 75 du fait des
petites pensions poussées par le minimum) avant
les contre-réformes,

72% en 2007... et serait (selon le COR) de

65% en 2020 et

59% en 2050.

Bien sûr, cela pénalise plus les personnes aux carrières
heurtées ou interrompues, notamment les femmes
dont seulement 39% ont pu valider 37,5 ans (contre
85% des hommes), mais aussi les chômeurs, précaires,
petits boulots, temps partiels…, les jeunes qui débutent
tard dans la vie active (études, chômage…), les
métiers pénibles à la faible espérance de vie.

- Le pouvoir d’achat des retraités, entre 1994 et 2004,
a baissé chaque année de 0,3% pour le régime général
de base, de 0,6% pour les complémentaires, de 0,5%
pour les fonctionnaires.

- La France a énormément baissé la part de la pension
par rapport au dernier salaire : à l’horizon 2046 selon
la commission européenne, elle se situera en 4ème
position en Europe derrière les Tchèques, le Portugal
et la Pologne (et en 2ème dans l’Europe des 15).

La contre-réforme veut encore baisser
les pensions. Selon le COR, l’équilibre
des comptes n’est possible qu’en
modifiant 3 curseurs :

- soit diminuer le nombre de retraités, en
repoussant l’âge légal de départ en retraite. Agir
sur ce seul élément imposerait un âge de départ à
70 ans. Ce que les caisses de retraites ne paieront
pas, d’autres le feront à sa place pour les préretraités
et les chômeurs. C’est le choix d’autres pays
européens qui ont moins baissé les pensions.

- soit diminuer la pension (de 46% si on ne touche
à rien d’autre) en augmentant la durée de cotisation,
que personne ne pourra respecter puisque
la durée de cotisation est aujourd’hui de 37,5 ans
et sera de 37 ans en 2035 et au delà.

- soit augmenter les cotisations sociales de 10,5
points en 40 ans soit 0,26 par an, ce que nous souhaitons
et que gouvernement et Medef refusent
même de négocier. C’est possible en revenant simplement
au partage des richesses d’il y a 20 ans,
lorsque la part des salaires dans le PIB avait 10
points de plus, lorsque les dividendes aux actionnaires
dans le PIB étaient de 3,2% et non de 8,5%
comme aujourd’hui…

Refusons de jeter encore plus de retraités, dont les plus précaires, dans la misère

Le 27 mai, les grèves et les manifestations
doivent représenter un grand 1er pas vers une grève générale
en se donnant les moyens de la rendre reconductible

Tract baisse des pensions 2010