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Aide Personnalisée : Kézako ?
Depuis la rentrée de septembre 2008, les « obligations de services » des enseignants du premier degré (professeurs des écoles) ont changé. Deux nouveaux décrets ( du 15 juillet et 30 août 2008) les définissent. Les enseignants devaient jusqu’alors assurer 26 heures de cours par semaine et 1 heure consacrée à des temps de concertation, de formation ou de rencontre avec les parents d’élèves. Avec les nouveaux textes, les professeurs ont 24 heures de cours devant les élèves (qui perdent 2 heures de cours par semaine !) et 108 heures annualisées, dont 60 heures consacrées à de l’aide personnalisée aux « élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages ».
Est-ce positif pour les enfants en difficulté ?
Malheureusement, la réalité se cache dans tout ce que les nouveaux textes ne disent pas :
Premier point, ces nouveaux décrets se caractérisent par la suppression de cours le samedi matin. Ils ne sont pas faits à un autre moment ! Ce sont des heures de cours en moins pour tous les enfants !
Ensuite, la création des heures d’Aide Personnalisée (AP) coïncident étrangement avec la suppression de plus d’un tiers des postes des enseignants spécialisés dans le traitement des difficultés scolaires, les maîtres et maîtresses des RASED. D’un côté on dit « aider les enfants en difficulté », de l’autre, on supprime les emplois des enseignants qui ont une qualification spécifique (et reconnue) pour permettre à ces élèves de progresser vraiment.
Les heures d’AP sont placées soit le matin avant la classe, soit le midi (!), soit le soir. Dans tous les cas, ce sont des heures supplémentaires qui se rajoutent aux 6 heures de classe quotidiennes ! Comment aider les élèves en difficulté quand on alourdit une journée souvent déjà décriée comme trop longue ?
Les nouveaux dispositifs de « remédiation » sur les problèmes d’apprentissage des enfants sont, soit des heures en plus dans la journée (AP) soit des stages de remise à niveau (pour les CM1 et les CM2) pendant les vacances. Les enseignants des RASED interviennent pendant la classe. Avec ces nouvelles mesures, quand on veut « aider » l’élève, on lui rajoute des heures. De nombreux élèves rencontrant des difficultés d’apprentissage n’ont pas besoin de cours « en plus » mais de méthodes, d’approches « différentes ». Ces démarches relèvent de l’aide spécialisée, des RASED. Cette opposition entre faire « travailler plus » les enfants en difficulté et les « faire travailler différemment » sous-tend la philosophie éducative du ministère.
Le ministère n’a suivi qu’un objectif avec ces mesures qui apparaissent absurdes pédagogiquement pour une grande majorité des professionnels : faire des économies budgétaires. C’est bel et bien la révision générale des politiques publiques avec son optique de supprimer plus de 100 000 postes de fonctionnaires en 5 ans qui guide la politique éducative du gouvernement.
Les enseignants des RASED intervenaient pendant les heures de classe en prenant en charge un petit groupe d’élèves en difficulté. 1500 d’entre eux vont perdre leurs missions pour reprendre une classe à temps complet (le ministère appelle cela une « sédentarisation »).
1500 autres professeurs des RASED qui intervenaient sur 3 ou 4 écoles seront nommés en « surnuméraire » sur une ou deux écoles.
Nous avons d’ailleurs interpellé le ministère sur ce problème dès le mois de janvier. Nous avons posé la question à la direction générale des ressources humaines (DGRH) sur le problème des futurs maîtres E nommés en « surnuméraire » sur une école ou un groupe scolaire.
Prenons l’exemple d’un maître E nommé en 2008/2009 sur une circonscription lui demandant d’intervenir sur 4 écoles. Qu’en sera-t-il sur les écoles où intervenait ce collègue, s’il est nommé en surnuméraire sur une seule de ces écoles en 2009/2010 ?
La réponse de M.Le Goff ( de la DGRH) a été très claire à ce sujet : « il n’y aura aucune compensation pour les écoles non concernées par l’affectation des maîtres des RASED en surnuméraire ».
Quant aux mesures sur les RASED, M.Le Goff a affirmé « qu’il fallait les lier aux nouvelles obligations de service des enseignants du 1er degré, notamment aux 60 heures dédiées aux interventions en groupes restreints auprès des élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages. » Nous avions donc raison lorsque nous dénoncions la confusion coupable que le MEN entretient entre l’AP et les RASED.
Pour SUD éducation, les heures d’AP concourent donc bel et bien à la suppression des RASED.
Mais face à cette logique d’économie budgétaire sur le dos des élèves (en difficulté et les autres), des milliers de professeurs des écoles ont choisi de résister !
l’ Action : le gel des Aides Personnalisées
Dénonçant à la fois un dispositif inadapté pour les élèves et la disparition progressive des RASED, SUD éducation a appelé l’ensemble des collègues à suspendre l’aide personnalisée et à remplacer ces heures par des temps de concertation entre enseignants (y compris ceux des RASED), avec d’autres acteurs du système éducatif (MDPH, etc.), mais aussi pour des temps de rencontre avec les parents.
Au mois de décembre, nous sommes rejoints dans l’action par la CGT éduc’action, le SNUipp-FSU et le Snudi-FO. Grâce à une détermination des collègues et à l’unité intersyndicale, en Seine-Saint-Denis le mouvement prend une ampleur inespérée ! Plus de 2600 enseignants des écoles du 93 suspendent le dispositif des aides personnalisées. De très nombreux collègues ont assuré ces heures d’aide personnalisée pendant tout le premier trimestre. Mais à l’heure du premier bilan (décembre- janvier), ils constatent l’inefficacité et la confirmation d’un risque dénoncé dès le début par SUD éducation : les heures d’AP vont remplacer les RASED. Avec l’annonce du budget 2009 et ses 3000 suppressions de maîtres et maîtresses des RASED, c’est clair pour tout le monde !
Face à l’ampleur du mouvement (près d’un tiers des professeurs des écoles du 93 !), les autorités académiques sont forcées de tempérer et d’accepter de fait la transformation des heures d’AP en temps de concertation.
Cette question de l’aide personnalisée est systématiquement évoquée pendant les journées de grève (20 novembre, 27 novembre, 29 janvier, 19 mars, 24 mars, 2 avril, etc.). Les assemblées générales de villes et plusieurs intersyndicales exigent :
Le retrait des décrets Darcos (Décrets des 15 mai et 30 juillet 2008)
Le maintien et l’extension des RASED (aucune suppression de postes)
Le gouvernement refuse de lâcher et se sert des RASED comme variable d’ajustement pour sa politique de pénurie de moyens.
Mais au niveau national, la situation est plus difficile et dans plusieurs départements, les « geleurs » reçoivent dans un premier temps des lettres leur « rappelant leurs obligations de service » puis des lettres les menaçant de « retraits de salaire ».
Face à la surdité ministérielle et aux menaces de retrait de salaires : La position de SUD éducation
De nombreux enseignants du primaire sont soit sanctionnés, soit menacés parce qu’ils refusent d’appliquer ces directives autoritaires. Le métier d’enseignant n’est pas une servitude, et ne peut s’exercer sous la contrainte.
Ces directives ministérielles sont désapprouvées par l’immense majorité des pédagogues, et les « désobéisseurs » sont les lanceurs d’alerte de la catastrophe pédagogique en cours.
SUD éducation dénonce les mesures répressives à l’égard des enseignants et exige l’abandon de toute sanction.
SUD Education affirme qu’à partir du moment où les enseignants font leurs horaires, on ne saurait leur retenir une part de leur salaire. De plus, nous nous interrogeons sur la procédure réglementaire applicable par l’administration pour effectuer des retenues sur salaire sur des heures annualisées.
SUD éducation appelle :
à poursuivre le Gel des 60 heures jusqu’au rétablissement des 3000 postes supprimés de maîtres E en 2009 .
Dans un second temps SUD éducation poursuivra la mobilisation jusqu’au retrait des décrets Darcos.
SUD éducation exige qu’il n’y ait aucun retrait de salaire pour service non fait puisque les collègues ont transformé une partie de ces heures « annuelles » en temps de concertation.
SUD éducation fait la proposition aux IA :
de laisser la liberté aux collègues de disposer des 60 heures en temps de concertation, d’élaboration de projets pédagogiques, de réunions avec les parents, de synthèses avec les RASED jusqu’à la fin de l’année scolaire (si les décrets Darcos ne sont pas abrogés d’ici là).
Nous proposerons de reconduire cette utilisation "libérée" des heures pour l’année scolaire 2009/2010 si les décrets Darcos étaient maintenus.
La quasi-totalité des collègues ayant commencé les AP tout au long du premier trimestre, les textes vous permettent, M les IA, d’accepter que ces heures« annuelles » (selon l’Art.2 du décret) aient été faites :
en partie, sous la forme d’aides personnalisées
en partie, sous la forme d’heures en « temps d’organisation correspondant »
en partie en temps de formation (ou concertation)
Nous rappelons que, l’alinéa 2 de l’article 2 du décret 200-775 laisse la possibilité de consacrer une partie de ces heures au « renforcement de la formation professionnelle continue des enseignants, en-dehors de la présence des élèves. »
SUD Education réitère son opposition aux contre-réformes Darcos.
Ne nous laissons pas intimider !
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