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Lecture : menaces et intimidations
Article publié le 12 décembre 2006

Gilles de Robien a demandé à l’Inspection générale de l’Education
nationale de vérifier l’application de ses directives sur l’apprentissage de
la lecture qui interdit les méthodes globales et mixtes et impose la méthode
syllabique, a annoncé le ministère.
"Dans une note au Doyen de l’Inspection générale de l’Education nationale,
le ministre de l’Education demande à l’Inspection générale de l’Education
nationale de vérifier que la disposition centrale de l’arrêté du 24 mars
2006 sur l’apprentissage de la lecture est bien appliquée dans toutes les
classes de cours préparatoire", a dit le ministère dans un communiqué.

L’Inspection générale devra ensuite "rendre compte au ministre pour le 30
octobre 2006".
En théorie, un enseignant qui n’applique pas ce texte peut être sanctionné,
selon le ministère.
Cette décision intervient quelques jours après l’éviction de Roland Goigoux
qui n’a pas été reconduit comme formateur d’inspecteurs de l’Education à
l’Ecole supérieure de l’Education nationale (ESEN) après avoir écrit un
livre sur la lecture intitulé « Apprendre à lire à l’école » (Retz).
Son livre a été considéré par le directeur de l’ESEN comme "déloyal à
l’égard du ministre".

Le SNUipp - FSU publie le communiqué suivant :

Le ministre de l’Éducation Nationale a donc choisi la manière forte pour
imposer ses vues en ce qui concerne les méthodes d’apprentissage de la
lecture.
Il en vient même à menacer collectivement la profession par une mission
qu’il engage auprès de l’inspection générale afin de vérifier les méthodes
utilisées dans les classes.

Il s’agit là d’un précédent sans équivalent depuis de longues années : le
formatage pédagogique imposé par le ministère à l’encontre même des
programmes remaniés au printemps dernier.
Nulle part dans ces programmes, il n’est indiqué une interdiction d’une
méthode de lecture. Il est même spécifié : « on utilise deux types d’approches
complémentaires : analyse de mots entiers en unités plus petites référées à
des connaissances déjà acquises, synthèse à partir de leur constituants, de
syllabes ou de mots réels ou inventés. »

Par ailleurs, l’interdit professionnel qui frappe Roland Goigoux aggravé par
les commentaires diffamatoires et mensongers (comparant publiquement notre
collègue à un « moniteur d’auto école chauffard ») du ministre de Robien
sont à nos yeux d’une gravité extrême. Alors que tout le monde s’accorde à
reconnaître l’extrême compétence de Roland Goigoux en matière de recherche
sur l’apprentissage de la lecture, son respect scrupuleux des textes
officiels et qu’aucune faute professionnelle ne peut lui être reprochée, les
décisions prises à son encontre relèvent de l’arbitraire le plus total et d’une
volonté non dissimulée d’imposer une pensée d’état dans un domaine qui exige
avant tout mobilisation de l’intelligence, discernement et pragmatisme.

La dérive autoritariste et la malhonnêteté intellectuelle manifestées en
cette occasion par le ministre De Robien sont inadmissibles. Une telle
atteinte à la liberté pédagogique et à la liberté de pensée est une insulte
à tous les enseignants. La mise au pas et la normalisation recherchées au
travers de cette opération qui s’apparente par bien des aspects à une
manipulation, dépasse par sa portée la médiocre polémique initiée par le
ministre sur la question de la lecture. Le SNUipp-FSU exprime son accord
total avec l’attitude professionnelle de Roland Goigoux. Il refuse que la
pensée d’État s’impose désormais à l’ensemble des éducateurs et des
citoyens. Comme d’autres organisations, il demande au ministre de revenir
sur ses propos et sur ses menaces.

Nous appelons la profession à résister et à ne pas se laisser intimider.