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Les 9 mensonges de NVB pour la Seine-Saint-Denis - décryptage
Article publié le 21 novembre 2014

9 mensonges pour les écoles de la Seine-Saint-Denis

Apparaissant répondre à la colère qui monte de Saint-Denis et de Seine-Saint-Denis, les annonces de la Ministre ne font que compiler en les présentant avantageusement les médiocres dotations prévues, rajoutant ça et là quelques remèdes qui risquent de se révéler pires que le mal.

Mesure 1 : 500 postes supplémentaires pour les 3 prochaines années
C'est simplement la poursuite du rythme de créations de postes actuels (150 postes annuels soit 450 sur trois ans), qui couvrent à peine les augmentations d'effectifs et la formation des enseignant-es. Pour mémoire, il faudrait créer immédiatement plus de 1000 postes pour revenir au taux d'encadrement de 2002 (RASED, ouvertures de classe, moyens de remplacement...), et 1000 autres postes pour mettre en place les mesures prévues dans la réforme de l'éducation prioritaire (maîtres-ses supplémentaires, TPS, remplacement des enseignant-es en formation...).
Ce qu'il aurait fallu : Ce sont a minima 500 postes par an sur les trois prochaines années qui aurait dû être annoncés, comme base de discussion sérieuse.

Mesure 2 : 13 réseaux d'éducation prioritaire en plus
L'élargissement de l'assise de l'éducation prioritaire en Seine-Saint-Denis découle de l'application de critères sociaux, c'était donc prévu. Le problème ? La suppression commencée depuis 2 ans de l'élément le plus important des actuelles ZEP, les seuils (nombre maximum d'élèves par classe, obtenus par la lutte départementale de 98), tandis que les nouveaux moyens promis (maîtres-ses supplémentaires, TPS sont d'ores et déjà annoncés comme étant attribués non pas de droit pour les écoles d'un réseau, mais à la discrétion du directeur académique et des locaux mis à disposition par les municipalités (pour les TPS). De fait, en l'état actuel des dotations prévues, il sera impossible de généraliser ces mesures l'année prochaine. Des mesures qu'il n'a même pas été possible de mettre en place cette année dans les 6 REP+ « expérimentaux » du département...
Ce qu'il aurait fallu : Elargir l'éducation prioritaire, oui mais,en tenant compte des critères sociaux par établissement, en réaffirmant le respect des seuils et en engageant une réflexion sur leur abaissement pour se donner les moyens de réellement généraliser les mesures prévues pour l'éducation prioritaire.

Mesures 3 & 4 : 1685 postes ouverts pour le concours 2015 dans l'académie de Créteil et un concours supplémentaire en 2015
Rien de plus que des concours permettant de recruter les enseignant-es pour les postes existants (départs à la retraite, créations de postes...). Le problème est que l'attractivité du métier, avec la masterisation d'une part, le gel des salaires d'autre part et surtout la dégradation considérable des conditions de travail et d'enseignement, entraîne une insuffisance des candidat-es aux concours, comme cela a été le cas dans l'académie de Créteil cette année où plus de 200 postes n'ont pas été pourvus. Ce qui aboutit au phénomène des postes vacants qui conduit à recruter des contractuel-les. La population socialement fragile de Seine-Saint-Denis peut de plus en plus difficilement accéder à un métier qui nécessite un master, alors même que les études deviennent de plus en plus lourdes financièrement. Alors, on tente d'attirer des candidat-es venu-es d'autres académies, et dont l'unique objectif sera naturellement d'y retourner le plus vite possible...
Ce qu'il aurait fallu : Revenir sur la masterisation, remettre en place un pré recrutement (embauche deux ans avant le concours avec rémunération et entrée progressive dans le métier) qui permette de recruter massivement des enseignant-es de Seine-Saint-Denis. Augmenter le nombre de formateurs et de formatrices qui sont en nombre insuffisant.

Mesure : Formation en alternance dès le master 1 à l'ESPE de Créteil
Nous dénonçons depuis deux ans, les médias l'ont découvert depuis cette rentrée, que les prétendues créations de postes reposent en fait essentiellement sur un artifice comptable : les stagiaires, donc les enseignant-es en formation en M2 qui ont passé le concours, sont désormais comptabilisé-es comme des postes, ce qui n'était pas le cas avant. Cette mesure vise à élargir aux M1 cette capacité à occuper un poste d'enseignant en responsabilité à mi temps devant une classe. Cela permettra de compenser quelques postes mais ne permettra pas aux futurs enseignant-es de se former dans des conditions satisfaisantes. Leur formation va une fois de plus reposer sur la bonne volonté des équipes qui les accueilleront.
Ce qu'il aurait fallu : voir mesures 3 & 4

Mesure 6 : Une meilleure formation, un meilleur accompagnement des contractuel-les
Un recyclage des ajustements cosmétiques mis en place depuis un mois pour répondre à l'arrivée massive et catastrophique des contractuel-les sur le département (10 % des enseignants de Saint-Denis!). Les 6 sessions de formation, dont la durée est d'une demie journée, ne pourront évidemment remplacer l'absence de formation initiale. Elles ne pourront pas même servir à alléger la tâche des contractuel-les, puisque ces formations seront hors temps scolaire, donc pendant le peu de temps disponible (mercredi après-midi) pour préparer les cours...Par ailleurs, aucune mesure n'est prévue pour augmenter le nombre de formateurs et de formatrices.
Ce qu'il aurait fallu : dégager dans l'urgence des temps de formation sur le temps de travail, mobiliser les moyens disponibles (conseiller-es pédagogiques, enseignant-s d'ESPE, maîtres-ses formateurs... déjà complètement débordé-es...) pour des formations sur temps de classe (observation de classe, prise en charge accompagnée...)...

Mesure 7 : A partir de 2016, un concours spécifique pour encourager les contractuel-les à devenir enseignant-es
Cette mesure confirme nos craintes, et ce que nous dénonçons depuis 2 ans, depuis l'arrivée d'un volant de contractuel-les dans le 1er degré : c'est bien une population qui est appelée à se pérenniser, puisqu'un concours interne est créé pour elle. On est loin de ce qu'on nous disait en 2012 : c'est conjoncturel, c'est à cause de la situation laissée par la droite, ce sera résorbé l'année prochaine... La formulation de cette mesure laisse par ailleurs entendre que les contractuel-les ne sont pas des enseignant-es : alors qui sont ces salarié-es qui s'occupent des élèves du 93 ?
Ce qu'il aurait fallu : garantie pour les contractuel-les recruté-es dans l'urgence d'une stagiarisation sans condition de concours l'année prochaine : ils et elles ont été enseignant-es une année, comment peut-on leur demander de passer un concours qui normalement intervient avant la prise en charge d'une classe ? A emploi égal- statut égal.

Mesure 8 : Mieux affecter les enseignant-es titulaires et stagiaires afin de respecter au mieux les intérêts des élèves
« Les demandes de sortie du département seront examinées par les autorités académiques pour ne pas laisser des classes sans enseignant-e ». Un important facteur de souffrance au travail dans le 93 repose sur la situation d'enfermement vécue par les personnels, interdits de sortie du département, interdits de temps partiel et même de mise en disponibilité, interdits de départ en formation, au prétexte du manque d'enseignant-es. Les réformes destructrices et l'incurie administrative finissent ainsi par reposer toujours davantage sur des enseignant-es arrivé-es bien souvent au point de rupture, ne rêvant plus que d'abandonner une profession qu'ils et elles avaient rêvé d'exercer. De plus, cette mesure renvoie aux enseignant-es, la responsabilité de la pénurie de postes dans le département. Affirmant que leur prétendue mobilité serait responsable des postes vacants dans certaines zones du département, est faux et inadmissible. C'est une grave restriction du droit à la mobilité des personnels et une dangereuse mainmise de l'institution sur les choix de vie des personnels.
Ce qu'il aurait fallu : Il ne s'agit pas de mieux répartir la misère pour la rendre moins apparente : il faut revenir à une vraie formation initiale pour que les stagiaires ne soient plus des personnels sans expérience lâché-es dans une situation ingérable ou difficile à gérer, qui pour eux est une source de souffrance, et déstabilise les écoles. Et il faut au contraire respecter et faciliter le droit à la mobilité des personnels, leur volonté de formation, l'exercice de leur droit au temps partiel ou à la mise en disponibilité, pour qu'enseigner dans le 93 ne soit plus une cause de souffrance.

Mesure 9 : Une meilleure organisation administrative
La 3e circonscription de Saint-Denis est demandée depuis 10 ans et actée depuis un an. Rien de bien nouveau donc. Quant aux 600000 euros pour « renforcer l'attractivité des postes administratifs » ce sont des primes à la pénibilité qui pourraient être plutôt consacrés au recrutement des personnels statutaires et non de personnels vacataires : 4 agent-es pour gérer 1500 dossiers et des dysfonctionnements de la trésorerie du Val de Marne, ont entraîné 2 à 3 mois de retard dans le versement des salaires des stagiaires et des contractuel-les en cette rentrée....
Ce qu'il aurait fallu : Augmenter le recrutement des personnels administratifs sur des emplois statutaires, afin qu'ils et elles puissent assurer l'intégralité de leur mission dans de bonnes conditions! En effet, les mesures austéritaires de ces dernières années, n'ont pas épargnées les personnels administratifs, dont le nombre a été réduit alors qu'ils et elles ont vu leur charge de travail s'alourdir.