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Réforme REP+ ou comment sacrifier l’éducation dite prioritaire !
Article publié le 18 juin 2014

SUD éducation avait dénoncé les « pseudo-concertations » de l’éducation prioritaire, organisées par le Ministère, aux résultats ficelés d’avance. Les conclusions délivrées dans le rapport ministériel ne nous avaient pas étonnées : des moyens alloués insuffisants, renforcement du « pilotage » hiérarchique à tout les niveaux, une poursuite de la politique des ECLAIR, des solutions managériales et libérales… La circulaire n°2014-077, parue dans le BOEN du 5 juin 2014, qui cadre l’organisation des REP + pour la rentrée prochaine,
nous confirme dans nos craintes
 :
- Une carte de l’éducation prioritaire inchangée ou comment faire le contraire de ce que l’on dit : contrairement à la reforme ECLAIR, la circulaire énumère uniquement des critères sociaux pour classer les écoles et établissements en REP+ et REP. Pourtant, il est explicité qu’à de rares exceptions, les établissements ECLAIR seront classés REP + (350) - les RRS devenant REP (731) - sachant que le classement des établissements en ECLAIR l’étaient sur critères sécuritaires, et non sociaux !
- L’école des apprentissages au rabais et du tri social. L’ambition unique de la refondation est définie : « Une réduction de 10% des écarts entre les élèves scolarisés en éducation prioritaire et ceux scolarisés hors éducation prioritaire dans la maitrise des compétences de base en français et en mathématique sans que les résultats globaux ne baissent », le tout articulé à une orientation de plus en plus précoce et expéditive. L’éducation prioritaire pour le Ministère, c’est toujours celle des apprentissages au rabais et du tri social.
- Toujours plus de hiérarchie à tous les niveaux. Au niveau national, un comité de pilotage national (directions concernées, inspections générales, cabinet du ministre), un comité de suivi ouvert aux partenaires des collectivités territoriales et du ministère de la ville. Au niveau académique, le recteur préside un comité de pilotage qui associe tous les cadres académiques concernés et désigne un correspondant académique de l’éducation prioritaire. Au niveau de chacun des réseaux, l’ancien comité exécutif disparaît, remplacé par deux instances aux objectifs distincts : le conseil école-collège, coprésidé par le principal du collège et l’IEN chargé de la circonscription, et le comité de pilotage du réseau (principal, IEN, IA-IPR référent, coordonnateur, directeurs d’école…), qui valide le projet de réseau préalablement élaboré en appui sur le conseil école-collège. Bref, s’il y a bien une catégorie de personnels dont la circulaire se soucie, c’est bien de notre hiérarchie
- Le tout numérique comme solution miracle. Pour les enseignants : formation sur m@gistère et création d’un site consacré à
l’éducation prioritaire où seront mis en ligne les différentes contributions des réseaux validées par la hiérarchie, d’où devront être tiré les
projets innovants qui feront le projet de REP. Cette mise en réseau est censée susciter l’émulation et l’innovation, et servira essentiellement à mettre en concurrence les collègues et les réseaux les plus dynamiques. Les élèves en difficulté bénéficieront quant à eux d’une application nommée D’Col avec un professeur référents du CNED, ce qui permettra aux élèves d’avoir cours… sans prof.
-L’organisation du temps de travail ou comment augmenter les heures supplémentaires. Dans le primaire, 18 demi-journée par an pour participer aux travaux en équipe nécessaires à l’organisation de la prise en charge des besoins particuliers des élèves qui y sont scolarisés, aux actions correspondantes ainsi qu’aux relations avec les parents d’élèves et à la formation… Sans garanties concernant les moyens. Dans le secondaire : Application du coefficient de pondération 1.1 à chaque heures travaillée devant élèves, reconnaissant le temps consacré au travail… temps qui pour la circulaire n’a pas vocation à être décompté ! C’est donc très clairement un choix que fait l’administration en prouvant clairement que cette pondération ne peut prendre en compte la pénibilité du travail et la concertation. Le choix de supprimer la concertation au profit de la décharge de travail est forcément un choix que nous ne pouvons partager puisqu’il ne va pas dans le sens des élèves. Cette fausse décharge est en fait clairement annulée par le nombre d’heures supplémentaire très important au sein des futures REP + Cette nouvelle organisation du temps de travail, va se résumer donc dans le secondaire a un meilleur
salaire (dû à l’absorption des heures supplémentaires) mais des conditions toujours aussi difficiles.
- Les oubliés de la refondation. Les premiers oubliés sont les élèves puisque toujours rien n’a été écrit sur les seuils, il est évidemment déplorable que la proposition de l’abaissement du nombre d’élèves par classe issue des assises de l’éducation prioritaire n’ait pas été reprise dans les différents axes de la réforme : Sud Education revendique la limitation à 18 élèves dans toutes les classes de l’éducation prioritaire. D’autres part, les personnels non enseignants des établissements d’éducation prioritaire ne sont pas concernés dans cette réforme, ou pire, voient leur temps de travail augmenté comme par exemple les Assistant(e)s sociales qui seront en plus d’être sur le collège, sur toutes les autres écoles du réseau. Les avantages énoncés clairement en janvier pour le maintien des équipe éducatives sont beaucoup plus floues (augmentation financière, évolution de carrière, mutations). Oubliés aussi tous les établissements qui ne seront pas REP puisque les moyens donnés au REP et REP + seront encore une fois ponctionnés sur tous les établissements.
La lutte des établissements préfigurateurs ou une première nécessité pour faire bouger les lignes. Plusieurs établissements préfigurateurs de la refondation REP+ pour 2014, comme le collège Maurice Thorez de Stains et le collège République de Bobigny sont mobilisés pour demander des comptes à la direction académique quant aux promesses non tenues et pour obtenir les moyens d’une vraie politique de l’éducation prioritaire.